Lettre d’information n°3
Vous êtes désormais plus de 8 000 à recevoir cette newsletter numérique, diffusée tous les trois mois depuis décembre dernier. Nous vous rappelons que cette lettre a pour but de vous informer sur les activités de l’Atelier du Livre d’Art et de l’Estampe (Groupe Imprimerie Nationale devenu tout récemment IN Groupe).
Grâce à l’action d’IN Groupe dont il est une branche essentielle, l’Atelier du Livre d’Art poursuit la production de livres d’artiste et de bibliophilie, grâce au maintien de savoir-faire devenus rares voire uniques, tout en conservant et en valorisant le riche patrimoine typographique de l’Imprimerie Nationale.
Pour en savoir plus sur les activités de l’Atelier du Livre d’Art et son patrimoine typographique, nous vous encourageons à consulter la page dédiée de notre site internet : L'Atelier du Livre d'art
Napoléon Bonaparte, le rêve oriental
Programmée du 5 juin au 13 juillet à la Bibliothèque Marceline Desbordes-Valmore à Douai (59), cette exposition prend appui sur les riches collections de l’Imprimerie Nationale et vise à rappeler la contribution de Napoléon à une meilleure connaissance de l’Égypte et de l’Orient. Si l’Expédition en Égypte (1798-1801) se termine par un désastre militaire, l’atelier du Caire de l’Imprimerie de la République aura notamment imprimé La Décade égyptienne, premier journal de l’Égypte.
La « Commission des Sciences & des Arts », composée de 167 savants comme les mathématiciens Monge ou Fourier, le chimiste Berthollet ou le naturaliste Geoffroy Saint-Hilaire, par ses observations scientifiques, permet à l’Imprimerie Impériale puis Royale de publier la légendaire Description de l’Égypte en 23 volumes (1809-1826) et 974 planches, première encyclopédie sur un pays, œuvre mythique, monumentale, jamais égalée, dont plusieurs volumes sont exposés.
Le rêve oriental de Napoléon Bonaparte prend corps à l’Imprimerie devenue Impériale, dirigée par Jean-Joseph Marcel, qui fait graver de nouveaux caractères orientaux et édite en 1813, le premier Dictionnaire chinois, français & latin, composé avec les Buis du Régent, caractères chinois gravés sur bois entre 1715 et 1742 et complétés pour cette édition, qui permet l’essor de la sinologie en France.
Pour asseoir son pouvoir, Napoléon va jusqu’à commander une typographie : le Romain de l’Empereur ou Didot millimétrique. L’ambition orientale de Napoléon est à ce point exemplaire qu’il trouve essentiel, en pleine débâcle de ses troupes à l’Est, de signer le décret du 22 mars 1813 organisant le recrutement de jeunes compositeurs à l’Imprimerie Impériale, futurs typographes orientalistes, capables de composer dans toutes les écritures étrangères.
Grâce à l’étude d’une reproduction de la pierre de Rosette découverte par un officier de l’armée d’Orient en 1799, Champollion réussit à déchiffrer les hiéroglyphes en 1822. L’exposition présente un ouvrage quasiment unique, une étude de l’inscription de Rosette annotée de la main de Champollion, mais aussi les premiers poinçons d’hiéroglyphes gravés entre 1842 et 1852.
L’exposition se poursuit par une évocation de l’orientalisme au XIXe siècle, qui sera porté sans relâche par l’Imprimerie nationale, dans sa dimension scientifique, grâce à sa collection de caractères orientaux qui était et demeure la plus exceptionnelle au monde, et à ses compositeurs orientalistes, au service des savants. De nos jours, l’orientalisme se poursuit à l’Imprimerie nationale, grâce à la numérisation de caractères orientaux, à l’instar du tifinag, l’écriture des Touareg.
Livres de voyages, manuels de typographie orientale, livres édités au Caire, poinçons arabes, syriaques, hébreux, coptes, tibétains, caractères chinois en bois, hiéroglyphes, les grands volumes de la Description de l’Égypte, le Dictionnaire chinois, la Collection orientale, une sélection de publications érudites, ainsi que la reconstitution d’un atelier d’imprimerie, se succèdent dans un parcours à la fois historique, littéraire, scientifique et typographique, dévoilant une facette peu connue, rarement exposée, de la légende napoléonienne. La Lettre et l’Esprit du rêve oriental de Napoléon.
Exposition organisée par l’Atelier du Livre d’Art et de l’Estampe / IN Groupe, avec le concours financier de la Région Hauts-de-France, dans le cadre de « Napoléon dans les Hauts-de-France », une programmation hors-les-murs de « Versailles à Arras ».
Bibliothèque Marceline Desbordes-Valmore - 61, Parvis Georges Prêtre, 59500 Douai - Tél. 03 27 97 88 51 - www.bm-douai.fr
5 juin – 13 juillet 2018, du mardi au samedi : 14h – 18h (le matin réservé aux groupes)
Colloque Ladislas Mandel à la bibliothèque de l’Arsenal
Cette journée d’étude proposée le 11 juin prochain à la bibliothèque de l’Arsenal à Paris, et co-organisée par le musée de l’Imprimerie et de la Communication graphique et la BNF/Bibliothèque de l’Arsenal, est un hommage au grand typographe et collectionneur Ladislas Mandel (1921-2006). Elle réunira des conservateurs, des enseignants, des créateurs et des historiens du livre, anciens disciples de Ladislas Mandel pour la plupart. La Bibliothèque de l’Arsenal et le Musée de l’imprimerie et de la communication graphique de Lyon ont reçu en héritage le fruit de ses travaux et de ses recherches : le fonds parisien sera présenté à l’occasion du colloque, et le fonds lyonnais sera exposé à l’automne. Outre les interventions de Thomas Huot-Marchand, Directeur de l’Atelier national de recherches typographiques et d’Alice Savoie, créatrice de caractères et enseignante à l’ESAD d’Amiens et à l’ENSBAL de Lyon, une table ronde sera animée par Olivier Nineuil (créateur de caractères et vice-président des Rencontres internationales de Lure), avec la participation de Franck Jalleau (dessinateur de caractères à l’Imprimerie Nationale, enseignant à l’Ecole Estienne), Jean-François Porchez (créateur de caractères, fondateur de Typofonderie).
Entrée libre sur réservation obligatoire au 01 53 79 49 49 ou visites@bnf.fr
Le Cantique des oiseaux : une nouvelle édition bibliophilique
Cinq ans après la publication d’Empreintes de Fanette Mellier, l’Atelier du Livre d’Art, publie un nouveau livre d’artiste dont la parution est prévue cet automne. Il s’agit du Cantique des oiseaux, réunissant sept poèmes extraits de ce chef-d’œuvre de poésie mystique écrit en persan par Farîd od-dîn ‘Attâr à la fin du XIIe siècle. L’ouvrage reproduira le texte original en persan avec les caractères de l’Imprimerie Nationale et sa traduction en français par Leili Anvar, composée à la main en Luce, l’un des caractères historiques de l’Imprimerie Nationale. Le livre sera accompagné de sept eaux-fortes originales de Sylvie Abélanet, tirées sur les presses de l’Atelier du Livre d’Art. Le tirage de cette édition est de 60 exemplaires tous numérotés et signés par l’artiste, dont 7exemplaires de tête et 10 hors-commerce. Une souscription vient d’être lancée pour les exemplaires courants.
Bulletin de souscription envoyé sur simple demande.
2018 : Année Gutenberg
Organisée tous les deux ans depuis 2010 par l’Espace européen Gutenberg, association qui œuvre pour l’ouverture d’un Conservatoire & Ateliers de l’Imprimerie et des Arts Graphiques à Strasbourg, la Fête des Imprimeurs s’inscrit cette année dans le cadre de l’événement « 2018 : Année Gutenberg » qui commémore les 550 ans de la mort de Gutenberg. Elle se déroulera les 23 et 24 juin à Strasbourg (entrée libre). A cette occasion, six lieux emblématiques du cœur historique de la capitale alsacienne seront mis en lumière avec des présentations et des démonstrations exceptionnelles, inspirées des techniques mises au point à l’époque de Gutenberg. L’Imprimerie Nationale et son Atelier du Livre d’Art a été sollicité pour participer à cette commémoration. Ainsi, Nelly Gable, maître d’art, sera amenée à graver un poinçon d’une Gothique de Mayence, Philippe Mérille, élève de maître d’art, proposera de fondre des caractères en plomb au moule à arçon, Frédéric Lepetz, typographe, exécutera devant le public une composition manuelle en Gothique de Mayence, enfin, Gilles Contesenne, ancien typographe, orientaliste composera un texte en Grecs du Roi (grec à ligatures) gravés par Claude Garamont. Bien d’autres corps de métiers seront également représentés, de l’enluminure à la reliure, en passant par la gravure, la fabrication de papiers, la dorure, etc. Le vendredi 22 juin, lors de la soirée d’ouverture, sera projeté en plein air sur la place Kléber, le film Gutenberg, l’aventure de l’imprimerie.
Programme de la manifestation sur www.espace-gutenberg.fr
La gravure de poinçons typographiques inscrit au Patrimoine culturel immatériel de la France
Réalisé sous l’égide du ministère de la Culture et de la Communication, l’inventaire national du patrimoine culturel immatériel cherche à identifier les pratiques, expressions, connaissances et savoir-faire, telles qu’elles ont été définies par l’Unesco. Ce patrimoine a pour vocation d’être diffusé sur le site internet du ministère de la Culture. Ainsi, « La gravure de poinçons typographiques » est-elle inscrite depuis le 2 mars dernier à l’Inventaire national du Patrimoine culturel immatériel. Rappelons que la gravure de poinçons typographiques est devenue un savoir-faire rare, préservé en France grâce à l’action de l’Imprimerie Nationale, au sein de son Atelier du Livre d’Art & de l’Estampe. Le Groupe Imprimerie Nationale est la seule entreprise dans le monde à avoir su sauvegarder le métier de graveur de poinçons (voir information suivante).
La fiche se rapportant à ce savoir-faire spécifique est accessible en ligne à l’adresse suivante : www.culturecommunication.gouv.fr/Thematiques/Patrimoine-culturel-immatériel
Gravure de poinçons typographiques : transmission réussie à l’Imprimerie Nationale
C’est ainsi que fut présentée la transmission du savoir-faire de graveur de poinçons typographiques entre Nelly Gable, Maître d’art, et son élève, Annie Bocel, lors de la récente nomination des nouveaux Maîtres d’art au ministère de la Culture et de la Communication. C’est en effet à la fin du mois de décembre 2017 que prit fin la formation d’Annie Bocel qui succèdera en 2019 à son maître au poste de graveur de poinçons de l’Imprimerie Nationale. Dans cette attente, Anne Bocel travaillera aux côtés de Nelly Gable au sein de l’Atelier du Livre d’Art.
La réussite de cette transmission tient en tout premier lieu à Nelly Gable qui a inspiré et défendu le projet. « Consciente de la fragilité de son savoir, elle a décidé de consacrer les dernières années de son activité professionnelle à la transmission en concevant un programme très minutieux - une rigueur largement récompensée par l’investissement hors du commun de son Élève » est-il rappelé dans la brochure consacrée aux dernières nominations de maîtres d’art. Premier maillon de la chaîne typographique, la gravure de poinçons, technique mise au point par Gutenberg, a permis la fabrication en série de caractères en plomb et peut donc être considérée comme la technique primordiale de l’invention de Gutenberg.
Rappelons enfin que le dispositif Maîtres d’art – Élèves, unique en Europe, a été mis au point en 1994 par le ministère de la Culture en vue de contribuer à la pérennisation des savoir-faire remarquables et rares des métiers d’art. Piloté depuis 2012 par l’Institut National des Métiers d’Art, ce dispositif distingue des artisans passionnés par leur métier, aux compétences et aux parcours exceptionnels, et leur permet, grâce à une aide financière, à faciliter la transmission de leur savoir-faire à un élève avec lequel il a été sélectionné. Aujourd’hui, 132 professionnels détiennent le titre de Maître d’art (décerné à vie) dans plus de 90 spécialités différentes. Grâce à la Fondation Bettencourt Schueller, le dispositif est complété par des aides spécifiques pour les élèves qui se projettent dans le développement d’une activité économique ou s’investissent dans la recherche et la création. Ces aides ont permis à Anne Bocel de compléter sa formation l’été dernier auprès de Raymond S. Nelson (Atelier Press & Letterfoundry) à Charles Town aux États-Unis, et en mars dernier auprès de Richard Arlin (Stigbergets Stamp och Press) à Stockholm.
Disparition de José Mendoza
Homme de parole et de conviction, José Mendoza y Almeida vient de nous quitter à l’âge de 92 ans. Graphiste, calligraphe et créateur de caractères typographiques de renommée mondiale, il a notamment créé les polices Mendoza, Photina, Pascal, Fidelio et Sully Jonquières. Les plus grandes fonderies ont fait appel à lui. Il déclinait lui-même ses créations avec une rigueur artisanale. Pédagogue écouté, il était un des fondateurs de l’Atelier national de création typographique (ANCT) de l’Imprimerie Nationale. Figure marquante de la typographie française, par ses interventions et par ses créations, José Mendoza laisse à ses amis le souvenir d’un homme sensible, fier et généreux.