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Maîtres d’Art

Qu’est-ce qu’un Maître d’art ? À l’instar des Trésors nationaux vivants du Japon, les Maîtres d’art sont porteurs de savoir-faire exceptionnels qu’ils se doivent de transmettre.

Créé en 1994 par le ministère de la Culture et de la Communication, le dispositif des Maîtres d’art, reconnu par l’UNESCO, piloté depuis 2012 par l’Institut national des métiers d’art, consiste à préserver et transmettre des savoir-faire artisanaux et de mettre en place de véritables « contrats de génération » entre un professionnel aux compétences et au parcours exceptionnels, le Maître d’art, et un plus jeune professionnel qui a un minimum de cinq ans d’activité dans sa discipline, l’Élève. La formation se déroule essentiellement dans l’atelier du Maître d’art durant trois ans, le ministère de la Culture et de la Communication attribuant au Maître d’art une aide financière afin d’assurer cette formation de haut niveau. Le but est aussi d’inscrire cette transmission de gestes et de procédés dans un développement économique viable : au terme de sa formation, l’Élève développe son projet professionnel, soit aux côtés du Maître d’art, ou en lui succédant au sein de son atelier, soit en créant sa propre entreprise.

Le titre de Maître d’art est attribué à des professionnels des métiers d’art reconnus pour leurs savoir-faire remarquables et qui concourent au rayonnement de pratiques artistiques dans des domaines aussi variés que le papier, le graphisme, l’imprimerie, la gravure, la reliure, la restauration, le métal, le cuir, le textile, la bijouterie, la joaillerie, la céramique, la mode, l’ameublement et la décoration, etc. Porteur d’un talent, d’une expérience et d’une compétence rares, le Maître d’art s’engage à transmettre ses connaissances et son tour de main à un Élève qualifié afin qu’il les perpétue.

141 Maîtres d’art dans plus de 90 spécialités différentes ont été nommés par le ministère de la Culture et de la Communication depuis 1994. Deux professionnels de l’Atelier du Livre d’Art et de l’Estampe de l'Imprimerie nationale ont été distingués en 2010 et 2013.

Nelly Gable, graveur de poinçons, nommée Maître d’art en 2013.
Joël Bertin, fondeur de caractères, nommé Maître d’art en 2010
Philippe Mérille, élève de Maître d’art en fonte de caractères typographiques

Joël Bertin, fondeur de caractères typographiques typographiques à l’Atelier du Livre d’Art et de l’Estampe de l'Imprimerie nationale, a ainsi été nommé Maître d’art en 2010. Chef d’équipe au sein de l’Atelier du Livre d’Art et de l’Estampe de l'Imprimerie nationale de 2003 à 2013, Joël Bertin a formé Philippe Mérille au cours des trois années qui ont suivi sa nomination. Aujourd’hui, Philippe Mérille, diplômé de l’école Estienne, a succédé à Joël Bertin au poste de fondeur de caractères et perpétue ce savoir-faire devenu fort rare, tant en Europe que dans le monde. Il a développé de nouvelles techniques notamment en équipant la Monotype d’un système de pilotage sous système d’exploitation OS permettant d’obtenir un texte composé et fondu avec des caractères mobiles en plomb à partir d’un fichier Word.

Nelly Gable, l’un des derniers graveurs de poinçons typographiques, a également été distinguée Maître d’art en 2013. Diplômée de l’école Boulle puis graveur sur acier en modelé chez Murat, Nelly Gable est entrée à l’Imprimerie nationale en 1987 pour y apprendre le métier de graveur de poinçons typographiques avec Jacques Camus. Chargée de reproduire des poinçons défectueux et de réaliser des poinçons inédits comme le signe de l’Euro, elle a également conçu un poinçon japonais ainsi que Haute voltige des signes, une sculpture en cuivre, en laiton et en acier, sur laquelle ont été frappés 105 poinçons en acier de 24 écritures différentes. Elle a contribué à faire inscrire la gravure de poinçons typographiques au patrimoine immatériel de la France. Elle est en outre l’auteur avec Annie Bocel, d’un ouvrage sur la gravure de poinçons typographiques (Dessins de geste, Éditions des Cendres, 2018). Elle a veillé jusqu’à son départ en retraite en 2019 sur le patrimoine gravé du cabinet des Poinçons de l’Imprimerie nationale, riche de 700 000 pièces dont une majorité classée au titre des monuments historiques. Elle a assuré la formation pendant quatre ans d’Annie Bocel, titulaire d’un diplôme des Métiers d’art en gravure à l’école Estienne qui lui a succédé mais qui a quitté l’Imprimerie nationale pour des raisons personnelles en 2021.