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Des savoir-faire ancestraux au service des artistes et des éditeurs

Composé d’une dizaine d’artisans et de maîtres d’art dont le talent est reconnu dans le monde entier, l’Atelier du Livre d’Art de l’Imprimerie nationale, véritable chaîne graphique traditionnelle, offre un éventail de savoir-faire exceptionnels dans les disciplines suivantes : dessin de lettres et création de caractères, gravure de poinçons, fonte de caractères, composition typographique latine et orientale, composition mécanique, impression typographique, gravure et impression taille-douce, façonnage et reliure.

En prenant appui sur son patrimoine et ses savoir-faire ancestraux, l’Atelier du Livre d’Art de l’Imprimerie nationale est ainsi en mesure de produire pour le compte d’éditeurs, d’artistes et annonceurs tous types de livres de bibliophilie, livres d’artiste et documents de prestige à tirage limité (livrets et plaquettes, cartons d’invitation, diplômes, menus, affiches, etc.).

Conception - Dessin de caractères

L'Imprimerie nationale conçoit pour les collectivités locales, institutions, entreprises privées… des polices de caractères identitaires. Franck Jalleau a ainsi créé notamment un ensemble de caractères exclusifs pour la ville de Brive-la-Gaillarde, le Brive, un caractère identitaire pour le Secrétariat général de la Défense et de la Sécurité nationale, et en 2019 une nouvelle police de caractères exclusifs pour IN Groupe, le Salamandre.

Depuis 2014, un programme d'adaptation du fonds typographique destiné à la composition numérique a été entrepris. Franck Jalleau a ainsi redessiné l’ensemble des caractères latins historiques de l’Imprimerie nationale, mais également les Grecs du Roi, gravés par Claude Garamont, les 237 clefs des Buis du Régent, caractères chinois gravés sur bois au cours de la première moitié du XVIIIe siècle, et plusieurs caractères orientaux comme l’arabe d’Avicenne ou le Tifinag (écriture des Touaregs).


Gravure de poinçons

Depuis plus de cinq siècles, la fabrication des caractères mobiles se décompose en trois phases : la gravure d'un poinçon, la frappe d'une matrice, la fonte de milliers de caractères typographiques (dans un alliage de plomb, d'antimoine et d'étain).

Le poinçon est une tige d'acier à l'extrémité de laquelle le graveur dessine et grave, en relief et à l'envers, la lettre ou la vignette. Quand le graveur juge que l'œuvre est au point, le poinçon est durci par la trempe et se trouve prêt pour la frappe de la matrice. Le cabinet des Poinçons, trésor de l'Imprimerie nationale, conserve 700 000 pièces gravées, dont les plus anciennes, les poinçons des Grecs du Roi créés par Claude Garamont, remontent à François Ier.

Nelly Gable fait partie des 141 Maîtres d’art nommés par le ministère de la Culture et de la Communication depuis 1994, a présidé aux destinées de l’atelier de gravure des poinçons de l’Imprimerie nationale durant plus de trente ans. Elle a formé pendant quatre ans, Annie Bocel, diplômée de l’École Estienne, dans le cadre du dispositif des Maîtres d’art. Cette dernière qui lui a succédé à la tête de l’atelier de gravure en 2019 n’a pu, pour des raisons personnelles, poursuivre sa collaboration et a quitté l’établissement en 2021. À ce jour, l’Imprimerie nationale et son Atelier du Livre d’Art et de l’Estampe est à la recherche d’un graveur de poinçons expérimenté pour reprendre la suite.



Fonte de caractères

Le poinçon, une fois durci par un traitement thermique, est enfoncé en force et à froid dans un bloc de cuivre. Après cette opération dite « frappe de la matrice », celle-ci est justifiée puis moulée, autrefois dans un moule à main, depuis le XIXe siècle sur une machine à fondre mécanique. Grâce à cette technique sont obtenus des milliers de plombs identiques, à partir d'une matrice correspondant à une seule lettre. Ces caractères sont ensuite distribués dans les casses parmi les autres caractères et permettent aux typographes de composer à la main, lettre à lettre.

L’Atelier du Livre d’Art et de l’Estampe est également équipé de plusieurs composeuses-fondeuses mécaniques de différentes époques comme la Typograph de Rogers (composition par gravité), la Monotype ou la Linotype.

La Monotype est un système de composition mécanique comprenant deux éléments, le clavier grâce auquel le texte est saisi et enregistré sur une bande de papier perforée, et la fondeuse composeuse qui, d’une manière automatique, produit des textes en caractères de plomb séparés, prêts à rouler sous presse. Depuis 2016, la Monotype de l’Atelier du Livre d’Art et de l’Estampe est désormais équipée d’un système de pilotage sous système d’exploitation OS permettant d’obtenir un texte composé et fondu avec des caractères mobiles en plomb à partir d’un fichier Word.

La Linotype est une fondeuse-composeuse qui réalise des lignes-blocs. La Linotype compose une ligne de matrices, la justifie, fond et rabote la ligne pour la livrer sur une galée, à la suite de la précédente, prête à être mise en page et imprimée. Les matrices sont ensuite redistribuées dans les canaux du magasin à matrices.

Philippe Mérille, a été formé par Joël Bertin, un des 141 Maîtres d’art nommés par le ministère de la Culture et de la Communication depuis 1994. La transmission de ce savoir-faire se poursuit actuellement avec la formation de Christophe Koopmans depuis 2021.


Composition typographique

Assemblage de caractères en plomb alignés lettre à lettre dans le « composteur » par le typographe. Ces lignes réunies en pavés sont installées dans une « forme », qui sera ensuite calée sur une presse typographique. Les compositeurs typographes de l'Imprimerie nationale utilisent les 7 caractères historiques exclusifs : le Garamont de François Ier appelé aussi Romain de l’Université, le Grandjean ou Romain du Roi et le Jaugeon de Louis XIV, le Luce gravé sous Louis XV, le Didot millimétrique de Napoléon Ier, le Marcellin-Legrand de Charles X et le Gauthier, dernier caractère en plomb gravé dans les années 1970.

Frédéric Lepetz, compositeur typographe, a été formé par Michel Jourdain qui a quitté l’Imprimerie nationale en 2017, après cinquante ans de métier dans le domaine de la composition typographique. La transmission de ce savoir-faire se poursuit actuellement avec la formation de Christophe Koopmans également depuis 2021.

La typothèque permet également aux typographes orientalistes, corps de métier créé par Napoléon en 1813, de composer dans plus de 65 écritures : hiéroglyphique, cunéiforme, chinois, grec, arabe (13 styles), hébreu, sanscrit, tibétain, touareg, russe, maya,…


Impression typographique

Impression des compositions en relief. En typographie, l'impression se fait par encrage de la composition installée dans une forme puis par pression sur le papier présenté feuille par feuille.

L’Atelier du Livre d’Art et de l’Estampe dispose de plusieurs presses typographiques à platine ou à cylindre permettant d’imprimer dans différents formats jusqu’au 73 x 104 cm sur des papiers aux textures variées et aux grammages allant de 40 à 500 g/m2.

Pour garantir une très haute qualité d’impression, les composantes sont nombreuses. Parmi elles : le renouvellement des caractères en plomb grâce à une fonte neuve, l’imprimabilité dépendante de la nature du papier (porosité et état de surface), de ses constantes hydrométriques et des compositions des encres, du couple encrage/pression, mais avant tout de la bonne compréhension de la part de l’imprimeur des attentes du commanditaire.

Frédéric Colançon et Jean Nunès sont les deux imprimeurs attitrés de l’Imprimerie nationale depuis plus de vingt ans.


Taille-douce

Art de la gravure en creux sur métal à l'aide d’une action mécanique ou chimique pour reproduire un dessin dans le but d'obtenir une impression sur papier. L'impression s'obtient en encrant totalement la plaque de métal et en l'essuyant, seuls les creux (les tailles) conservent l'encre. Quand on presse fortement un papier humidifié sur la surface de la plaque, il pénètre dans les creux et absorbe l'encre qui y était déposée. Le dépôt d'encre à la surface du papier forme une couche qui varie selon les profondeurs de creux, ce qui permet au graveur d'obtenir des noirs plus ou moins profonds et veloutés.

L’Atelier du Livre d’Art et de l’Estampe est équipé de trois presses taille-douce dont l’une de grand format datant du XVIIIe siècle sur laquelle ont été imprimées les gravures de Meryon, Corot, Millet, Whistler… L’impression en taille-douce requiert, tout comme les métiers de la typographie, un savoir-faire spécifique, que possède et maîtrise parfaitement Frédéric Colançon, imprimeur taille-doucier reconnu.


Lithographie

Procédé d'impression consistant à reproduire un dessin réalisé au crayon gras ou à l'encre grasse sur une pierre calcaire poreuse (ou sur du zinc), lequel sera imprimé grâce à l'encre qui n'adhérera que sur les parties grasses, selon le principe de répulsion entre l'eau absorbée par la pierre et le corps gras déposé sur celle-ci.

L’Atelier du Livre d’Art et de l’Estampe est équipé de deux presses à bras de type « bête à corne » et d’une presse motorisée de marque Voirin.

L’atelier de lithographie, en sommeil depuis le transfert de l’atelier du Livre d’art et de l’Estampe en 2014, est à nouveau en activité et vient compléter les techniques d’impression de l’Atelier.


Correction

Le travail de correction consiste dans la préparation orthographique des manuscrits, la lecture en première épreuve, en mise en pages, en bon à tirer, révision de bon à tirer après imposition et tierce avant le tirage, avec une attention portée sur l'état du caractère en plomb.

C'est dans ces dernières étapes que le contrôle du placement des textes et des clichés dans la page, la vérification des alignements et des marges, du suivi des folios, du repérage recto-verso prennent autant d'importance que la lecture proprement dite.

Éric Nunes, correcteur de l’Imprimerie nationale, a été formé par un correcteur professionnel de haut niveau : Didier Barrière, qui a exercé durant plus de trente ans, jusqu’à son départ en retraite.


Papeterie, emboîtage et reliure

L'atelier de papeterie est le lieu de la pliure manuelle des feuilles imprimées, de l'encartage, de l'assemblage des cahiers et de la vérification de leur ordre, enfin du comptage des exemplaires. Ceux-ci peuvent avoir une coupe franche ou des barbes naturelles, voire être découpées au format du livre. La présentation finale se fera avec un corps d'ouvrage en cahiers libres ou cousus. Les opérations de mise en presse, grecquage, couture sur cousoir, passure en colle, arrondissure, pose des signets et tranchefiles, taille des cartons et passure des rubans dans ceux-ci, couvrure en papier, en toile ou en cuir, contrecollage des gardes et titrage au balancier sur le dos et les plats constituent la reliure.

L’Atelier du Livre d’Art et de l’Estampe est équipé de tout le matériel nécessaire à ces opérations d’assemblage, de reliure et de réalisation de coffrets et boîtes tels que fourreau, étui, boîte livre, boîte cadre....

Chaque projet fait l’objet d’une étude pouvant se développer depuis la conception jusqu’au prototype incluant les choix des matériaux, les procédés de marquages et la méthode de fabrication. Notre atelier répond exclusivement aux « habillages » des ouvrages de nos clients pour de petites et moyennes séries.


Fabrication

Concevoir un livre de bibliophilie, un livre de création ou un livre d’artiste c'est, soit rendre concret un désir de publier une œuvre, soit de réaliser une œuvre d’art multiple. Chaque projet requiert une intime compréhension des attentes de l’éditeur et/ou de l’artiste qu’elles soient artistiques, budgétaires ou commerciales. Puis c’est, à partir d’indications et de contraintes tels que format, nombre de signes, nature de l’œuvre picturale, pré-maquette fournie le cas échéant…, être en mesure de décomposer chaque étape et, d'atelier en atelier, mener à bien les opérations dans le respect de leur déroulement logique afin de livrer, à la date prévue, un tirage limité d'exemplaires irréprochables sur le plan de la qualité. Éditeurs d’art, sociétés de bibliophiles, institutions, artistes de tous horizons font régulièrement appel aux services de l’Atelier du Livre pour la réalisation de leurs ouvrages.

Puisant dans le riche patrimoine historique de l'Imprimerie nationale, tout en s’appuyant sur les savoir-faire de l’Atelier du Livre d’Art, nombreux sont les artistes qui, au cours de ces dernières années, sont venus réaliser des livres de création à l’Atelier du Livre d’Art et de l’Estampe de l'Imprimerie nationale : Alechinsky, Alligand, Barceló, Bazaine, Martin Bradley, Cortot, Dorny, Garache, Pincemin, Riopelle, Toni Soulié, Richard Texier, Titus Carmel, Zao Wou-Ki, pour ne citer que les plus connus… Fanette Mellier, Linda Bujoli, Clément Lesaffre, Valia Eydis, Jacqueline Duhême, Sylvie Abélanet, Anatoly Stolnikof, Marcella Barceló, Gérard Traquandi … parmi les plus récents.

L’aide à la définition du cahier des charges, l’étude budgétaire et le suivi de production sont assurés par Frédéric Lepetz, responsable de fabrication.


La réalisation d’un livre à l’Atelier du Livre d’Art et de l’Estampe de l’Imprimerie nationale