Nous avons poussé la porte de l’incroyable Atelier du Livre d’Art et de l’estampe de l’Imprimerie nationale. Durant l’été, nous vous emmenons à la découverte d’amoureux de la lettre qui perpétuent les techniques ancestrales du livre imprimé. Premier volet avec la présentation de ce musée vivant.
Il faut s’enfoncer dans la zone des Prés Loribes pour découvrir l’un des sites de l’Imprimerie nationale. Une activité confidentielle, très probablement méconnue de nombreux habitants du territoire, qui regorge pourtant de joyaux prestigieux. C’est ici, en 2014, qu’un patrimoine remarquable de l’Imprimerie nationale (IN Groupe) a été déménagé de la rue de la Convention, à Paris, où se situait l’ancien siège. L’Imprimerie nationale, ce n’est pas seulement la fabrication des titres d’identité et passeports sécurisés (un autre site industriel situé à Flers depuis 1974), c’est aussi ce musée vivant, ouvert ponctuellement au public lors de visites guidées avec Douaisis Tourisme entre autres. Ici, ce sont dix collaborateurs, amoureux de la lettre, gardiens d’un savoir-faire unique et passés maîtres en la matière, qui y travaillent quotidiennement.
Une des dernières chaînes graphiques au monde
« Nous sommes à la base de la reproduction typographique du livre, » explique Marie Manuel de Condinguy, directrice de l’Atelier du Livre d’Art et de l’estampe. « Il y a de nombreux musées de l’imprimerie en France mais ici la différence est qu’il y a énormément d’éléments d’exposition. Nous sommes également une des dernières chaînes graphiques à produire encore au monde ». Une production très particulière puisqu’elle concerne des livres d’artistes fabriqués avec ce patrimoine historique. Des oeuvres objet de prestige dont seulement deux ouvrages sont réalisés par an en une cinquantaine d’exemplaires tous numérotés.
« L’atelier détient environ plus de 500 000 pièces gravées (poinçons, plaques de cuivre, gravures sur bois…) »
Pour comprendre l’Imprimerie nationale, il faut remonter aux racines de l’histoire de l’écriture typographique. En 1538, François Ier désignera le premier imprimeur du roi pour le grec. Le début de l’histoire de l’écrit sur imprimé en France et de la constitution d’une collection de poinçons unique au monde, classée monument historique depuis 1946. L’atelier détient environ plus de 500 000 pièces gravées (poinçons, plaques de cuivre, gravures sur bois…). Au fil des années, l’Imprimerie royale fondée en 1640 par Richelieu deviendra Imprimerie de la République sous la révolution, puis Imprimerie impériale et enfin Imprimerie nationale.
Sept caractères latins (Garamont, Grandjean, Didot impérial…), ainsi que des caractères orientaux représentant plus de 65 écritures au monde, sont exclusifs à l’Imprimerie nationale.
Cet été, nous vous ferons découvrir comment sont fabriqués les poinçons, qui serviront ensuite à former des matrices afin de couler les plombs lors de la fonte de caractères à travers la pratique d’artisans d’exception.
Déménagement à EuraDouai en 2026
Pour gagner en visibilité et ouvrir le musée et ce patrimoine plus largement au grand public, Douaisis Agglo et l’Imprimerie nationale ont le projet de construire un bâtiment sur la future zone d’EuraDouai. Un nouveau musée de 5 700 m2 sortira de terre rue Beethoven, à Douai, près du futur parking silo. L’ouverture est espérée en 2026.