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24/03/2019 - La Voix du Nord
Une page d’histoire à l’Atelier.

En quoi l’Atelier du livre d’art et de l’estampe est un site exceptionnel

Voilà maintenant cinq ans que l’Atelier du livre d’art et de l’estampe a pris ses quartiers à Auby, juste à côté de l’Imprimerie nationale. On y trouve des pièces inestimables. Visite guidée.

C’est le plus ancien atelier d’imprimerie encore en activité au monde. Il a été créé en 1640 par Richelieu, sous le règne de Louis XIII. À l’étroit en région parisienne, il a trouvé dans cette terre du nord, un lieu idéal. Vaste car sa collection est riche. D’abord en machines avec cette centaine de presses qui ont traversé les siècles. Elles ont fait les belles heures de l’impression des journaux par exemple. Il y a ainsi la réplique de la presse originelle de Gutenberg. Il y a aussi l’une des deux presses Anisson qui sont parvenues jusqu’à nous. Mise au point au XVIIIe siècle, cette presse servait à imprimer les assignats. Ces derniers furent utilisés pendant la Révolution française pour éponger les dettes du pays, ce qui explique que la plupart des presses Anisson furent détruites sous le Directoire. La presse présente à Auby a produit deux millions d’assignats jusqu’en 1795.

Dix personnes travaillent à l’Atelier du livre d’art et de l’estampe. PHOTO LUDOVIC MAILLARD - VDNPQR
Voilà maintenant cinq ans que l’Atelier du livre d’art et de l’estampe a pris ses quartiers à Auby, juste à côté de l’Imprimerie nationale. PHOTO LUDOVIC MAILLARD - VDNPQR

« C’est l’une des collections les plus belles au monde. »

Outre ces machines exceptionnelles, le site aubygeois héberge 35 000 livres d’art dont le plus ancien date de 1550. « C’est l’une des collections les plus belles au monde », s’enorgueillit le directeur Pascal Fulacher.

Il y a aussi les métiers qui sont exceptionnels. Dix personnes travaillent à l’Atelier du livre d’art et de l’estampe. Il y a deux graveurs sur poinçons, un fondeur de caractères, des compositeurs typographes latins et orientalistes, des imprimeurs typographes, des dessinateurs de caractères et un taille-doucier. Ces artisans sont les derniers détenteurs d’un savoir-faire unique au monde.

Mais cet atelier est vivant. Ce n’est pas un musée. Il continue à imprimer des livres pour des artistes et des auteurs contemporains avec des tirages limités. « Il y a de moins en moins d’imprimeries typographes en France, on a donc de plus en plus de demandes, explique Pascal Fulacher. Il y a quelques années encore, les menus de l’Élysée se faisaient ici. »

Un site qui va s’ouvrir

Actuellement, l’Atelier du livre d’art et de l’estampe accueille une centaine de personnes par mois pour des visites guidées. Ce chiffre pourrait gonfler ces prochaines années. L’Imprimerie nationale souhaite en effet ouvrir encore un peu plus ce lieu exceptionnel. « On ne veut pas en faire un musée car c’est vivant ici, il y a de l’activité. On ferait davantage des ateliers pédagogiques notamment à destination des scolaires. » Depuis quelques semaines, un espace d’exposition a été aménagé. Un catalogue numérique des collections devrait également bientôt voir le jour.