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01/12/2020 - Art et Métiers du Livre
Poème de la fin

Voilà bientôt 10 ans que Valia Eydis, artistepeintre russe diplômée de l’École de cinématrographie de Moscou, entretient un compagnonnage étroit avec les poèmes de Marina Tsvetaïeva (1892-1941). Un dialogue qui a d’abord pris la forme de petits carnets – journal-récit dans lequel se succèdent réfl exions, rêves, musiques et poèmes –, de dessins à la gouache sur papier puis de fresques sur panneaux de bois. La découverte de l’univers des livres d’artiste à son arrivée en France, associée à l’heureuse et féconde fréquentation de l’atelier Bo Halbirk, rue du Chemin-Vert à Paris, convainc Valia Eydis de poursuivre ce cheminement via un format plus intime.

Ainsi paraît en 2016 Poème de la montagne avec ses huit gravures originales nées de techniques multiples travaillées auprès du graveur danois (vernis mou, morsures ouvertes, aquatintes au bitume…). Elle s’est rapprochée de l’Atelier du Livre d’art et de l’Estampe de l’Imprimerie nationale – et de sa merveilleuse collection de plombs typographiques – afi n de pouvoir composer le texte en caractères cyrilliques adéquats. C’est avec les mêmes partenaires – Bo Halbirk, décédé en 2018, n’aura malheureusement pas pu suivre le projet jusqu’au bout – que Poème de la fi n voit le jour. Les deux écrits sont en effet indissociables. Composés par Marina Tsvetaïeva à quelques mois d’intervalle, ils sont l’alpha – fraîcheur du sentiment naissant – et l’oméga – brutalité de la rupture – d’une histoire d’amour avortée. Pour ce deuxième opus – contrairement au premier, constitué de cinq cahiers de huit pages –, Valia Eydis a opté pour le format leporello, propre à accueillir, sans interruption ni respiration, un texte lourd et dense. Une vague de sensations matérialisée par l’artiste en sept massives aquatintes au bitume. Inspirée par les premiers mots du poème (« Le poteau sur un ciel rouillé, / Doigt hautain. / Lui, posté au lieu désigné ; / – Le destin »), l’artiste a placé son ouvrage sous le signe de ce phénomène d’oxydation lente qui corrode le fer tout comme le coeur de l’amoureuse blessée. On la retrouve au centre du leporello, en triptyque de papier japon contrecollé réalisé après avoir soumis une plaque de fer gravée aux assauts de l’eau, et à l’intérieur du coffret des éditions de tête tapissé de parchemin teinté. « Je tenais absolument à imprimer ces livres en France, là où Marina Tsvetaïeva s’exile entre 1925 et 1939 », souligne Valia Eydis. Dédaignée en son temps, méconnue des amateurs de littérature – à l’opposé, par exemple, de Boris Pasternak –, elle tenait à lui redonner sa place parmi la pléiade des poètes russes du début du XXe siècle.

Poème de la fin, Marina Tsvetaïeva, gravures de Valia Eydis, 2020, texte composé à la main en caractères cyrilliques Supra corps 12 et imprimé à l’Atelier du Livre d’art et de l’Estampe de l’Imprimerie nationale, livret de traduction en français ou anglais imprimé en caractère Gauthier numérique sur papier japon, sept aquatintes au bitume de Valia Eydis imprimées par l’artiste, format : 19 x 38 cm, 25 ex. sur papier Moulin du Gué 300 g présentés dans un coffret tapissé de parchemin réalisé par Régine Gourmel, dont 5 ex. H. C., 5 ex. de tête numérotés de I à V et enrichis d’une plaque gravée par Valia Eydis (prix : 2 500 €) et 15 ex. numérotés de 1 à 15 (prix : 1 700 €). Contact : Valia Eydis, tél. : 06 50 23 62 57, courriel : eydis.valentina@gmail.com